Le 1er décembre, les forces de l'ordre, municipales et fédérales, faisant usage de balles en caoutchouc, tirées à bout portant, et de grenades lacrymogènes, ont provoqué des dizaines de blessés, dont au moins deux sont dans un état grave. Les habitants de Mexico sont descendus dans la rue pour protester contre l'investiture du nouveau président mexicain, Enrique Peña Nieto. Ils ont été confrontés, dès l'aube, à une répression policière exceptionnelle. Ex-gouverneur de l'Etat de Mexico, Enrique Peña Nieto est notamment responsable de la répression et des violences policières commises à San Salvador de Atenco, en 2006, lors des manifestations contre un projet d'aéroport. Son élection frauduleuse de juillet dernier annonçait le retour au pouvoir du PRI (Parti révolutionnaire institutionnel), qui a gouverné le Mexique pendant soixante-dix ans jusqu'en 1989, dans la corruption et la violence.
Les droits à la liberté d'expression et à la liberté de manifester dans l'espace public sont des droits fondamentaux de la population lorsque le mal-être social doit s'exprimer. Des barrières et des murs métalliques ont été dressés sur le parcours permettant d'accéder au Zocalo (place principale de Mexico). La manifestation, composée d'étudiants, de professeurs, de mères au foyer, d'ouvriers et d'anarchistes a été harcelée par 6 000 policiers anti-émeute déployés aux abords du palais législatif de San Lázaro. Ces mesures disproportionnées ont provoqué la colère populaire car perçues comme une entrave à leur libre circulation.
Au ras-le-bol légitime de toute une population qui doit affronter chaque jour la pauvreté et la corruption, le nouveau pouvoir a donc répondu par des agressions d'une grande brutalité et des arrestations massives, et des actes de tortures durant les gardes à vue. 67 personnes sont toujours emprisonnées et encourent des peines allant de dix à trente ans de prison pour délit d'« attaque à la paix publique et à la stabilité de l'Etat ». Les lésions causées par les forces du désordre, dont la perte d'un œil chez un des blessés et une blessure grave à la tête chez un autre, sont dues aux tirs de balles de caoutchouc, dont l'usage est interdit au Mexique, et qui, selon les recommandations de l'ONU, ne doivent pas être tirées à moins de 30 mètres. Des personnes simplement de passage dans les zones d'affrontements et ne participant pas aux manifestations ont également été arrêtées de manière arbitraire. Le but est de diviser, de terroriser, de décourager et d'écraser toute forme de résistance sociale.
Comble de l'hypocrisie et du cynisme, le « maire » de la capitale, Marcelo Ebrard, veut maintenant stigmatiser les anarchistes en les rendant responsables des affrontements, alors qu'ils se défendaient au côté de la population. Des organisations comme la Coordination étudiante anarchiste, Yosoy132 et Cruza Negra Anarquista, ouvertement opposées à toute forme de criminalisation de la contestation sociale et de la jeunesse, deviennent les boucs émissaires désignés par le gouvernement fédéral. La campagne de persécution et de diffamation à l'encontre des groupes et individus anarchistes et libertaires n'est pas nouvelle, mais elle s'accentue fortement, relayée par les mass médias complices de cette élection frauduleuse. Pour rappel, 300 anarchistes furent encerclés par la police pendant deux heures lors de leur rassemblement au monument de la Révolution le 1er mai dernier.
La Fédération anarchiste exprime toute sa solidarité envers les victimes des sévices commis par les sbires du pouvoir et est aux côtés de tous ceux et celles qui luttent contre l'Etat et sa violence, au Mexique comme ailleurs.
Libération immédiate des personnes détenues et abandon des charges contre elles !