L'élection de Donald Trump, un pas de plus vers la guerre impérialiste

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L'élection de Donald Trump en tant que 45e président des États-Unis d'Amérique a provoqué un électrochoc dans notre pays. De par ses traditions historiques, notre peuple se veut un peuple de culture et de rationalité ; la figure de Donald Trump lui est apparue comme grossier et agressif, la figure même du milliardaire sans principes ni valeurs.

Voter pour Donald Trump a été considéré, dans notre pays, comme quelque chose d'inconcevable ; cela a été interprété comme le signe d'une profonde décadence de la société américaine, qui tombe dans les bras d'un hurluberlu aux propos mêlant charlatanisme, insultes et provocations.

 

Cependant, on sait à quel point ces dix dernières années, il y a eu une grande offensive de l'idéologie post-moderne de la « déconstruction », dont la théorie du genre est l'une des principales formes. Cette idéologie est celle du capitalisme modernisateur prétendant abolir les préjugés et établir les droits absolus des individus.

 

Hillary Clinton a été considérée aux États-Unis comme la représentante de ce capitalisme agressif, particulièrement nihiliste à l'encontre des valeurs populaires. Cela a eu comme conséquence une véritable prise d'otage du refus populaire de ce capitalisme « moderne » par la droite conservatrice pratiquant un romantisme nationaliste forcené.

 

Ce phénomène est bien connu en Europe ; c'est le même qui existe en France, en Belgique, en Autriche. Le nationalisme propose un retour en arrière à une stabilité se confrontant à une « mondialisation » qui serait la cause de tous les maux sociaux.

 

Le thème du « retour de l'Amérique » a été le facteur-clef du succès de Donald Trump, qui a ici largement profité du caractère étriqué de la forme nationale américaine, où chaque État envoie ses délégués selon ses propres modalités et généralement de manière unanime.

 

Hillary Clinton a donc obtenu pratiquement 59,7 millions de voix alors que Donald Trump a obtenu un peu moins de 59,5 millions de voix. Mais celui-ci obtiendra entre 290 et 306 « grands électeurs » (le dépouillement n'est pas totalement fini), contre 232 à 248 pour Hillary Clinton, ce qui lui permettra d'être élu officiellement puisqu'il lui faut une majorité de 270. C'est là tout le problème historique pour les progressistes de l'organisation d'un État décentralisé justement de manière suffisante pour empêcher un véritable débat national d'ampleur, de type républicain, posant par conséquent la question de la nature du régime, de la base sociale.

 

Cette base fédérale est le même souci qu'affrontent les progressistes en Allemagne, en Autriche, en Belgique ; en empêchant tout débat national et en confinant les questions à des problématiques « locales », l'idée d'unification des masses ne peut émerger.

 

C'est l'une des explications essentielles au taux de participation traditionnellement faible et se situant cette fois à 54,4 %. C'est le paradoxe qui veut que le monde entier regarde les résultats des élections au sein de la superpuissance impérialiste américaine, mais que pratiquement une personne sur deux se mette de côté de ce processus aux États-Unis.

 

Et cela, malgré les dépenses colossales des campagnes : officiellement 367 millions de dollars Pour Donald Trump,  534 millions de dollars pour Hillary Clinton, l'argent total circulant en réalité pour cette élection atteignant pas moins que 1,4 milliard de dollars.

 

On reconnaît ici la fuite en avant d'un système à bout de souffle, ne tenant que par l'irrationalisme, les traditions, les préjugés. Il est flagrant concernant cet aspect que Donald Trump a été poussé idéologiquement par les secteurs les plus rétrogrades de la société américaine : le camp religieux, les personnes liées à l'Armée américaine, ce monstre impérialiste particulièrement belliqueux et ayant développé un bloc militaro-industriel de grande importance, les trusts de l'énergie « sale » (pétrole, charbon, gaz de schiste, nucléaire, etc.), etc..

 

L'affaire de l'enquête du FBI contre Hillary Clinton relancée inopinément juste avant le vote en dit long également sur la volonté d'une partie de l'appareil d’État d'aller dans un sens plus brutal, plus nationaliste.

 

Cet arrière-plan montre qu'il est inconséquent de considérer Donald Trump comme un simple « isolationniste », qu'il serait possible d'opposer à Hillary Clinton qui serait la partisane d'un interventionnisme plus affirmé de l'OTAN.

 

Cette interprétation a été largement soutenue par les milieux liés à l'impérialisme russe et son oligarchie particulièrement agressive, pratiquant un expansionnisme particulièrement brutal, comme en témoigne la situation de l'Ukraine, par ailleurs tombée dans les mains des forces ultra-nationalistes et liées de manière ouverte à la superpuissance américaine.

 

Cela tient à ce que si Hillary Clinton faisait de la Russie le concurrent principal au développement de la superpuissance impérialiste américaine, Donald Trump entend commencer le processus d'affrontement avec le social-fascisme chinois, afin de l'empêcher d'émerger comme une superpuissance impérialiste concurrençant ouvertement les États-Unis, et assortir cette ligne d'une mise sous pression de l'Union Européenne afin d'accélerer son délitement.

 

Donald Trump et Hillary Clinton ne représentaient jamais que deux options différentes dans l'avancée de l'agressivité de la superpuissance impérialiste américaine. La guerre impérialiste est la tendance principale de ce que l'ordre mondial produit, avec la révolution mondiale comme contraire historique.

 

Il est absolument inexact de prétendre, comme le font les trotskystes, Jean-Luch Mélenchon et d'autres sur la même base idéologique, que Donald Trump serait un candidat « anti-système », dont les banquiers et les grands patrons ne voudraient pas. La même chose est prétendue au sujet de Marine Le Pen, la même thèse était déjà formulée au sujet d'Adolf Hitler et de Benito Mussolini. C'est la thèse trotskyste du « gangster » utilisé par le capitalisme pour son populisme efficace, thèse niant les contradictions internes à la bourgeoisie, ainsi que le renforcement des monopoles et du capital financier.

 

En réalité, les fractions de la bourgeoisie en concurrence appuient des mobilisations de masse pour se renforcer et conquérir le pouvoir. Donald Trump a ainsi largement mobilisé l'arrière-pays rural et les petites villes, ainsi que le nord-ouest industrialisé, la fameuse « rust belt » (ceinture de la rouille) dont les médias ont d'ailleurs largement parlé.

 

Il a cherché à apparaître comme le défenseur du tissu industriel américain, qui a perdu cinq millions d'emplois en quinze ans. Ce qui lui a permis de mobiliser derrière lui des secteurs important de la petite et moyenne bourgeoisie et, dans une moindre mesure, de l'aristocratie ouvrière.

 

Il a en ce sens appelé à ce que soit réinstauré le Glass-Steagall Act, datant de 1933 séparant banque de dépôt et de banque d'investissement, que Bill Clinton avait abrogé en 1999. Et, en même temps, il a affirmé qu'il supprimerait le Dodd–Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act de 2010, encadrant les marchés financiers et annonçait qu'il allait « démanteler de manière massive la régulation ».

 

Ce qui peut apparaître comme une contradiction relève en fait du processus de fusion ou interpénétration des banques et de l'industrie qui caractérise le stade impérialiste du capitalisme.

 

Au statu quo proposé par Hillary Clinton, Donald Trump propose de donner un espace complet d'action au capital financier, dans la mesure cependant où il assume la fusion avec l'industrie. C'est pour cela que la bourse américaine s'envole depuis son élection et qu'il a dans ses soutiens très proches des gens liés aux plus grands fonds d'investissement financiers.

 

C'est cela le sens du nationalisme de Donald Trump, mais également dans notre pays de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Le capital financier devrait cesser son cavalier seul et assumer d'englober l'industrie dans son projet.

 

C'est alors la fin du développement financier international unilatéral, au profit d'une recomposition du capitalisme national, dans le sens d'un renforcement général du caractère monopolistique de l'économie et de la systématisation du rôle de l’État comme structure entièrement au service de celle-ci.

 

La question de la modalité de cette recomposition provoque des débats intenses, des frictions, des contradictions, comme celle entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, dont la substance est pourtant finalement la même.

 

Avec Donald Trump, la superpuissance impérialiste américaine pense avoir trouvé sa voie : les modernisateurs sont mis de côté de manière relative, afin de renforcer la structure nationale dans le cadre de la concurrence impérialiste exacerbée.

 

Cela signifie non plus « accepter » le rôle de « gendarme du monde », mais aller dans le sens de l'affrontement impérialiste ouvert.

 

Donald Trump est ainsi le symbole et l'expression d'une agonie complète, l'annonciateur de l'ouverture d'une époque de repli nationaliste et de militarisation à outrance. L'élection de Donald Trump est un pas de plus vers la guerre impérialiste.

 

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