Bain de sang dans l’Amazonie péruvienne (suite n°8)
Mise à jour : Jeudi 11 juin, 11 heures ici (4 h du matin au Pérou)
http://oclibertaire.free.fr/spip.php?breve147
Suspension du décret-loi 1090, le gouvernement fait un pas côté.
Suspension temporaire du décret-loi 1090.
C’est ce qu’a laissé entendre la ministre du Commerce Extérieur, Mercedes Aráoz dans la soirée du mardi 9 juin en réponse à divers demandes de parlementaires.
Peu avant, les présidents de plusieurs régions amazoniennes avaient remis une demande d’inconstitutionnalité des 9 décrets préjudiciables aux intérêts des communautés amérindiennes. Cette demande, appuyée par la signature de cent mille personnes, a été remise à la commission électorale nationale pour qu’elle vérifie la conformité et le nombre des signatures recueillies.
Les présidents de 5 régions (Loreto, San Martín, Ucayali, Madre de Dios et Cuzco) vont par ailleurs présenter aujourd’hui mercredi devant le congrès une proposition législative pour que l’assemblée laisse sans application les décrets en question jusqu’à ce que le Tribunal constitutionnel émette sa décision.
La suspension pour une durée de 90 jours du décret 1090 a été finalement débattue et votée majoritairement au Parlement ce mercredi 10 juin.
Elle apparaît comme une mesure politicienne qui permet au gouvernement de reprendre un peu la main en élargissant sa base parlementaire à deux autres partis de droite (l’UNI et les fujimoristes) et de “faire un geste” comme on dit dans ce cas là, car le décret n’est pas abrogé comme l’exigent les mouvements amazoniens, mais aussi les organisations internationales de défense des droits humains et les mouvement amérindiens de l’ensemble du continent.
Le gouvernement, qui continue à dire que les policiers morts dans les affrontements ont été agressés, que les amérindiens obéissent à des intérêts “étrangers” à ceux du Pérou, semble donc faire un petit pas de côté, sans doute pour ne pas avoir à reculer, d’autant qu’une de ses ministres a donné sa démission suite aux évènements de Bagua et que des photos sont maintenant publiées partout montrant des policiers tirer sur les manifestant avec des armes à feu (AK47) et non seulement avec des lacrymogènes comme il continue de le soutenir.
Et d’ailleurs, il apparaît que la plupart des policiers tués l’auraient été avec leurs propres armes, soit dans la confusion des combats et de possibles balles perdues, soit suite à leur désarmement par des amérindiens particulièrement déterminés et qui ont fait face à l’attaque subie.
Alberto Pizango réfugié à l’ambassade du Nicaragua
Alors que plusieurs ministres avaient dénoncés la “fuite” d’Alberto Pizango, l’avaient traité de “lâche”, avaient déclaré que des témoins l’avaient vu passer la frontière en compagnie de membres de l’opposition nationaliste, l’ la Association Interethnique de Développement de la Fôret Péruvienne (Aidese), lors d’une conférence de presse déclarait qu’il était à Lima.
On apprenait un peu plus tard, qu’il avait trouvé refuge dans les locaux de l’ambassade du Nicaragua à Lima et qu’il y demandait l’asile politique. Asile qui lui fut accordé rapidement par une déclaration de l’ambassadeur Tomás Borge déclarant que le leader amazonien “a toutes les caractéristiques d’un persécuté politique”.
Des journalistes qui se trouvaient devant l’édifice ont été agressés par des manifestants hostiles à la décision de gouvernement nicaraguayen. Les manifestants parlaient d’un rassemblement “spontané” mais les trois bus qui les attendaient garés à proximité ne laissaient aucun doute sur la “spontanéité” de cette manifestation.
Mobilisation internationale
Des rassemblements devant les ambassades du Pérou sont appelés dans de nombreux pays : Italie, Belgique, Espagne, Pays-Bas… le jeudi 11 juin. Dans ce pays, le groupe “Tierra y Libertad” a organisé une première manifestation mardi matin devant l’ambassade de La Haye. Une banderole disait “Land for People, Not for Multinationals ».
En Belgique, à Bruxelles, Plantón à 13 h, ambassade du Pérou, Avenue de Tervueren 179 - 1150 Bruxelles - Metro Montgomery
En France, Plantón à 10 h, ambassade, 50 Avenuer Kléber (Pré-rassemblement à 9h45 à la sortire du métro Kleber).
http://www.franceameriquelatine.org/index.php?edito=all
Avant la journée de mobilisation du 11 juin
Iquitos : Déploiement de l’armée
Les autorités ont fait savoir que l’armée sera déployée dans les rues de Iquitos, la grande ville de la plaine amazonienne du nord-est du pays à partir de minuit.
Cette mesure a été immédiatement analysée comme une provocation par les organisations telles que le Comité de Lutte des Peuples Indiens de Loreto qui appellent à une « grève régionale pour la paix et la dignité amazonienne » en relation avec la mobilisation nationale
Yurimaguas : Les amérindiens toujours à la pointe de la mobilisation.
Les habitants de la région qui occupent la route entre Yurmaguas et Tarapoto ont accepté hier de la débloquer pendant deux fois deux heures pour permettre le passage de camions qui transportent des aliments. Cette décision a fait baisser un peu la tension mais la situation continue d'être explosive.
D’après l’agence Servindi, plus de 4000 amérindiens des ethnies Shawi, Chayawita, Cocama-Cocamilla et Shibilos vont arriver dans la matinée dans la ville de Yurimaguas, région de Loreto. Ces manifestants viennent en bateaux depuis leurs lointaines communautés situées sur les bords de la rivière Huallaga, dans la province du Alto Amazonas.
Ils vont venir grossir les rangs les populations déjà mobilisées dans les environs immédiats de Yurimaguas.
A suivre