La ville de Toul, en Meurthe-et-Moselle, a accueilli à son insu un rassemblement de 1500 néo-nazis venus en majorité d'Allemagne, dans la nuit de samedi à dimanche. Venus célébrer le 20e anniversaire de la Délégation allemande d'Hammerskin Nation, le plus important groupe néo-nazi en Europe, les militants extrémistes avaient loué au dernier moment un hangar dans une zone industrielle, pour y organiser une série de concerts de métal jusqu'au petit matin.
                
            
                                 Un dispositif policier a été rapidement
 mis en place autour du site pour empêcher tout débordement, mais aucune
 interpellation n'a eu lieu.
Les autorités françaises mises «devant le fait accompli»
C'est un journaliste allemand, infiltré dans un des groupuscules, qui a raconté la soirée dans le Berliner Zeitung, un récit repéré ce jeudi par France 3 . Empêchés par la police de se réunir à Volmunster, en Moselle, les néo-nazis venus d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et de France,
  se sont finalement repliés sur leur plan B, Toul, où ils avaient loué 
un hangar à un particulier, en pleine zone industrielle. Un jeu de 
«cache-cache» habituel pour ce genre de soirée, où les invités reçoivent
 les informations au fur et à mesure.
Ce rassemblement semi-improvisé a, comme lors de l'édition 2009 à quelques kilomètres de là,
 pris de cours les autorités françaises. La mairie a même été 
prévenue... par un journaliste suisse bien informé. «Il a appelé samedi 
soir pour avoir une réaction de Mme le maire sur le rassemblement en 
cours, alors qu'on ne savait strictement rien», explique le directeur de
 cabinet Dominique Pocreau, interrogé par leparisien.fr. «Dès qu'on a su
 ça, on s'est rapproché des services de police, mais eux aussi venaient 
d'être mis devant le fait accompli».
Le préfet de Meurthe-et-Moselle, a en effet été alerté un tout petit peu
 plus tôt «d'un important mouvement de cars» selon la préfecture. Une 
fois les cars et les centaines de voitures arrivées à Toul, «le préfet a
 donc pris les dispositions nécessaires au  niveau du dispositif de 
sécurité». «Une compagnie de CRS de Jarville et des policiers ont été 
déployés autour du hangar. Et la gendarmerie a été alertée mais n'a pas 
eu à intervenir» explique-t-on encore de source préfectorale.
Pas de troubles à l'ordre public
Aucun représentant des forces de l'ordre n'était en revanche dans la 
salle, où, selon le récit de la presse allemande, les skinheads 
faisaient tranquillement l'apologie du nationalisme blanc et de 
l'antisémitisme. Ce qui s'est passé ce soir là dans le hangar tombait 
sans doute sous le coup de la loi française, mais la priorité des 
autorités était bel et bien l'ordre public. Le rassemblement ayant lieu 
dans un lieu privé, et, qui plus est, dans une zone industrielle, « il 
n'y avait pas de risques pour la population civile », explique ainsi la 
préfecture. «La fête a pris fin à 5h30 du matin et ils sont tous 
repartis, il n'y a eu aucun débordement, ni aucune dégradation»,  
assure-t-elle. 
La relative tranquillité dont ont joui les skinheads lors de cette soirée suscite un certain remous en Allemagne. Un
 eurodéputé  a ouvertement critiqué la coopération policière entre les 
deux pays et la sous-estimation du mouvement Hammerskins, qui dispose en
 France d'une section active, la «Crew 38».
La mairie de Toul, de son côté, envisage de contacter très rapidement le
 propriétaire du hangar loué. « Il faut qu'on discute avec lui des 
normes de sécurité, on ne peut pas faire n'importe quoi dans une zone 
industrielle », explique Dominique Pocreau qui ajoute qu'«on n'aurait 
pas manqué de chercher une responsabilité du maire s'il y avait eu un 
accident ». 

