Pyrénées-Orientales. Cache-cache entre la police et les militants néo-nazis

Erstveröffentlicht: 
19.05.2013

Jusque tard hier soir, la préfecture des Pyrénées-Orientales a maintenu le dispositif de surveillance pour tenter de localiser les militants de Hammerskin, mouvement néo-nazi qui devait organiser deux journées de rencontre en Roussillon. En vain.

 

Les rondes de policiers et de gendarmes, sur les routes, à l'arrivée des trains et des avions n'ont pas permis d'identifier un mouvement important de crânes rasés qui devaient participer à un week-end de rassemblement de type Fast Hold avec un concert de rock anti communiste (RAC) soit disant programmé hier soir. «Nous n'avons identifié aucun mouvement particulier. Des témoignages nous ont fait état de la présence de personnes pouvant correspondre au profil des militants du Hammerskin. Mais les vérifications n'ont rien donné. Et si la concentration ne regroupe que 200 personnes, nous aurons du mal à les localiser», admettait, hier soir, Fabrice Rosay, le directeur de cabinet du préfet des Pyrénées-Orientales après trois jours de veille en continu et une sérieuse enquête des services de renseignement.

Vendredi, soir, il avait lui-même alerté les départements de l'Aude, de l'Hérault et de l'Ariège sur la possibilité que l'événement puisse avoir lieu sur leur territoire.

En 2011, un rassemblement du même type dans une salle des fêtes près de Cournonterral était passé totalement inaperçu sur le moment.


Jean-Yves Camus, Spécialiste de l'extrême droite
«Le rejet de l'europe participe à sa progression»

Que représente le groupe Hammerskin Nation ?

La frange la plus radicale de la mouvance d'extrême droite. Son but est de propager une idéologie néo-nazie à travers notamment l'organisation de concerts au cours desquels les paroles sont explicitement racistes, comportent des appels à la violence physique. Ils servent une propagande antisémite niant la réalité du génocide nazi. Politiquement, Hammerskin Nation ne représente rien. Numériquement, le noyau dur du mouvement, dont le berceau se situe aux États-Unis, s'élève à quelques centaines de personnes en France où il est apparu dès 1994. On le retrouve un peu partout en Europe depuis les années 90 ; au Bénélux, en Allemagne, en Espagne, en Suisse, en Suède, en Hongrie… Ses membres sont d'une extrême discrétion. D'ailleurs, leurs concerts sont le plus souvent organisés de façon quasi clandestine.

Pourquoi cette poussée de l'extrême droite en Europe ?

Le terme de «poussée» de l'extrême droite doit être employé avec circonspection car dans certains pays, au contraire, elle tend à reculer. C'est notamment le cas en Bulgarie, en Pologne ou encore en République Tchèque. L'idée généralement reçue est qu'il existe un lien entre la crise économique et la poussée de l'extrême droite. Cela n'est évidemment pas faux même s'il y a toujours eu, depuis 1945, des mouvements de ce genre.

Quels autres facteurs peuvent expliquer cette progression de l'extrême droite ?

L'immigration et le multiculturalisme sont des facteurs qui expliquent également ce phénomène. Le sentiment de déclin qui s'empare aujourd'hui de l'Europe et le rejet assez profond des partis traditionnels - de la droite comme de la gauche - participent de cette progression de l'extrême droite. Ce ras-le-bol généralisé se manifeste de deux façons : soit par l'abstention (qui tend à s'accroître) soit par un populisme d'extrême droite.

 

Recueilli par A.S. T.