Agression fasciste à Nantes

GUD Nantes

L'extrême-droite, ces derniers mois, a procédé à une vaste restructuration, dont l'un des épisodes marquants est le « Bastion Social », ce bâtiment occupé pendant plusieurs semaines à Lyon par le GUD. C'est tout un symbole d'activisme débridé, afin de tenter de débloquer la situation caractérisée par une absence à l'extrême-droite de doctrine cohérente, d'analyse approfondie de l'Histoire de France, d'une ligne suffisamment claire.

 

L'Action française, de par sa riche tradition, a profité de cette situation pour émerger comme un pôle réel, mais connaît une concurrence acharnée, comme celle de la « Dissidence Française », une structure prônant la « révolution conservatrice » autour de trois axes : « défi identitaire, libération fiscale, et souveraineté intégrale ».

 

C'est néanmoins le GUD qui est surtout en première ligne ces derniers mois, le « Bastion Social » n'étant que le reflet d'une vague réelle. Ce groupe, présent désormais dans de nombreuses régions en France et dépassant ainsi son origine historiquement parisienne (à la faculté d'Assas), est l'un des grands porteurs de la dynamique du coup de poing qui prédomine à l'extrême-droite ne se subordonnant pas au Front National.

 

GUD NantesC'est la démarche employée en Espagne dans les années 1930 qui est pris comme modèle, celle de la provocation et de l'affrontement, parallèlement au style italien de la Casapound. Tout comme la « Dissidence Française » a comme ligne de prôner un putsch militaire, le GUD a comme but la tension.

 

C'est en ce sens qu'il faut interpréter l'agression qui s'est déroulée à Nantes. Trois membres du GUD et une quatrième personne se disant sympathisante du GUD viennent d'être mises en examen à Nantes pour avoir agressé ultra violemment des jeunes qu'ils pensaient en train de rentrer d'une manifestation d'extrême-gauche.

 

Les faits ont eu lieu au mois de mai ; les agresseurs ont reconnu qu'ils circulaient en voiture à la recherche de personnes issues de la manifestation avec pour objectif de « tomber sur des antifas », d'après leurs propos rapportés par le procureur de la République.

 

Concert Hammerskin FranceL’agression avait été d'une rare violence, l'un des deux jeunes ayant reçu un an d'interruption temporaire de travail, ce qui signifie des traumatismes énormes. Il avait dû être placé dans un coma artificiel pour soigner ses nombreuses blessures.

 

Les agresseurs fascistes, âgés de 19 ans à 28 ans, avaient roué de coups les jeunes (16 ans et 18 ans), y compris à la tête.

 

Et deux d'entre-eux doivent être également jugé la semaine prochaine à Angers (Maine-et-Loire) pour violences et incitation à la haine. Ils étaient, d'après le directeur départemental de la sécurité publique Jean-Christophe Bertrand, « dans les radars des services de renseignement ».

 

L'extrême-droite à Nantes est depuis plusieurs mois de plus en plus agressive avec plusieurs autres agressions de personnes isolées et considérées comme étant d'extrême-gauche ou « antifa ». Le directeur départemental de la sécurité publique reconnaît lui-même que « l'utra-droite a plus d'activité et de visibilité à Nantes qu'il y a quelques années », quelques dizaines de personnes relevant de cette « nébuleuse ».

 

Mais ce n'est donc qu'un épisode d'une tendance de fond. Le GUD avait également organisé le 29 janvier une rencontre à Lyon avec des groupes de black metal nazi (le « NSBM »), le lendemain d'un concert avec plusieurs centaines de personnes organisées dans la région lyonnaise.

 

GUD Manif pour tousEn mars, un grand concert « Defend Europe » a eu lieu à Heudicourt-sous-les-Côtes en Lorraine ; il y a peu en Savoie se tenait un concert « Rock Against Communism » avec un tournoi de sport de combat (MMA) organisé par des nazis russes, alors qu'en octobre est prévu un concert en Rhônes-Alpes encore avec plusieurs groupes italiens liés à la Casapound (dont Zetazeroalpha).

 

L'objectif de cette nébuleuse est bien sûr d'avoir suffisamment d'impact pour émerger au moyen des agressions et pour posséder une image « révolutionnaire » face à Emmanuel Macron d'un côté, l'insupportable « France insoumise » et l'ultra-gauche de l'autre.

 

De là doit provenir une base suffisamment grande pour développer un style qui puisse se diffuser et irriguer les franges contestataires de la société.

 

Cela montre l'importance de la bataille pour la culture : tout échec dans la mise à niveau amène la défaite face au fascisme.

 

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